Le Burundi en crise ? Réflexions partantes des rumeurs ‘imbonerakure’

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Le 8 avril 2013, la presse burundaise et internationale s’émeut à la suite d’un câble confidentiel que le Représentant du Secrétaire Général des Nations-Unies, Parfait Onanga Anyanga, a envoyé à New York. Le message est destiné au Secrétaire Général adjoint Jeffrey Feltman avec copie à Hervé Ladsous, responsable des opérations de maintien de la paix et à Madame Mary Robinson, envoyée spéciale du Secrétaire Général des Nations-Unies pour la région des grands-lacs africains. Le câble est en fait une note d’information et fait état d’allégations selon lesquelles le pouvoir de Bujumbura procéderait à un armement de ses jeunesses imbonerakure (« ceux qui voient loin ») ainsi qu’à leur entrainement au maniement d’armes. Des armes et des tenues militaires seraient subtilisées dans les stocks de l’armée burundaise pour leur être distribuées. Pour cause, deux généraux dont les noms sont cités, hauts responsables au Ministère de la défense nationale et des anciens combattants assureraient la supervision de l’opération.
L’affaire est prise au sérieux au niveau des Nations-Unies où le Conseil de Sécurité se réunit à deux reprises durant le mois d’avril pour étudier la situation au Burundi. Le gouvernement rejette en bloc ces allégations contenues dans ce qu’il requalifie de rapport et accuse les fonctionnaires du Bureau des Nations-Unies au Burundi de lutter pour rester au Burundi après la fin de la mission en novembre 2014. En somme, une situation de chaos ou perçue comme telle encouragerait le Conseil de Sécurité des Nations-Unies à maintenir la présence du Bureau au Burundi. Le gouvernement accuse le BNUB de créer la peur et de brandir la menace d’un génocide au moment même de la commémoration du 20e anniversaire du génocide des Tutsi du Rwanda. Dans cette affaire, le BNUB travaillerait en étroite collaboration avec la coalition de l’opposition extraparlementaire ADC-Ikibiri dont le président, Léonce Ngendakumana (président du parti Sahwanya-Frodebu en même temps que de la coalition), avait écrit une lettre au Secrétaire Général des Nations-Unies, en date du 7 février 2014, pour le prévenir de la préparation d’un génocide sociopolitique. Dans cette letre, il comparait les imbonerakure aux funestes interahamwe du Rwanda et la radio-télévision Rema FM à la non moins funeste RTLM.
Une escalade s’ensuit entre le gouvernement du Burundi et les Nations-Unies (NU), le gouvernement demandant à ce que les NU fournissent la preuve de ce qu’elles avancent et les NU demandant instamment au gouvernement de laisser une commission d’enquête internationale venir faire la lumière sur ce qui s’est passé. Le gouvernement du Burundi refuse la mise sur pied d’une commission d’enquête et expulse le chargé des questions de sécurité au BNUB, à l’origine des informations contenues dans la note. Les USA, à travers la personne de leur ambassadrice aux Nations-Unies, Samantha Power, en visite au Burundi en date du 8 avril et le Royaume Uni par l’entremise du Secrétaire à la coopération préviennent contre le risque d’une résurgence de la violence de masse au Burundi et demandent au président de la république Pierre Nkurunziza du CNDD-FDD de s’assurer que ce cas de figure ne survienne pas.
Il est à noter que le câble des NU ne parle nulle part de génocide en préparation au Burundi. Seulement, le câble spécule sur les raisons du choix de la province de Bururi où les distributions d’armes et les entrainements ont débuté, laquelle d’ailleurs est la province d’origine des deux généraux cités. Cette province est, selon la note, un bastion du parti Uprona, c’est à dire en langage moins codé un bastion ou en tout cas une forte présence tutsi. Cette province étant par ailleurs la province d’origine des trois chefs d’Etat militaires (Micombero, Bagaza, Buyoya) qui ont gouverné le Burundi à l’époque du parti unique Uprona et la majorité des cadres de ces républiques tout particulièrement dans l’armée provenant de là. Le câble mentionne que les milices auraient pour consigne de se ruer sur leurs adversaires dans leur voisinage au cas où un mot d’ordre serait lancé.
Quoiqu’il en soit, le pouvoir de Bujumbura nie catégoriquement depuis des mois que les jeunes imbonerakure sont devenus incontrôlables et sont une menace à la sécurité de beaucoup de gens. Cependant, le travail des médias radio, télévision et presse écrite, ainsi que les investigations des organisations de la société civile et des ONG internationales attestent que dans différents endroits, ces jeunes ont littéralement pris le pouvoir sur l’administration et les corps de sécurité au point même d’agresser voire de tuer des agents des forces de l’ordre. Ces jeunesses font du sport, paradent en tenue militaire, terrorisent, se déclarent ouvertement défenseurs de l’ordre public. Des jeunes qui pour certains se promènent avec des armes légères et blanches.
Tous ceux qui accusent le pouvoir au mieux de fermer les yeux sur cette dérive ou au pire de commanditer et d’organiser ces milices s’attirent le courroux du pouvoir, lequel tout en niant catégoriquement qu’il y a un quelconque problème imbonerakure accuse en retour ces personnes et organisations de préparer la déstabilisation du pays. Quelques questions méritent d’être posées : y a-t-il oui ou non un problème imbonerakure au Burundi ? A-t-on vu dans le monde des jeunesses se comportant de la sorte si le pouvoir en place ne leur en avait pas donné les moyens et la couverture politique ? Quel intérêt vise un pouvoir qui organise de telles milices ? A la première, les preuves d’une dérive des jeunes du parti au pouvoir sont nombreuses et sans conteste en plusieurs endroits du pays. A la deuxième, la réponse est négative sauf dans le cas où l’autorité de l’Etat ne serait plus que nominale sur des pans de son territoire de souveraineté. Chose qui n’est pas le cas au Burundi. Pour la troisième, certaines personnalités du pouvoir, telles le ministre de la sécurité publique, va jusqu’à expliquer que les imbonerakure font partie de la stratégie nationale de sécurité publique ! En somme, elles agiraient pour fournir aux citoyens et habitants de la république du Burundi un surcroît de sécurité que les corps de sécurité, en l’état actuel, ne sont pas en mesure de fournir. Curieux argument au moment même où les mêmes autorités, à commencer par le président de la république, ne cessent de louer le professionnalisme et la compétence des corps de défense et de sécurité du Burundi, qui nous dit-on à longueur de journée sont même reconnus internationalement en témoignent le nombre de missions de maintien de la paix auxquelles elles participent. Alors de quoi s’agit-il ? Serait-ce un phénomène sans importance ? Juste des jeunes vigoureux qui jouent aux durs comme nous avons tous, enfants, joué à la guerre ? Ou alors il s’agit d’autre chose beaucoup plus sérieux. En réalité, les imbonerakure participent en fait d’une double stratégie d’une part de mobilisation de la base d’un ancien mouvement rebelle fonctionnant toujours, même devenu un parti politique et assumant désormais les rênes du pays, avec des réflexes militaires. D’autre part, ils sont un instrument clé pour verrouiller tout l’espace politique et géographique en vue des élections de 2015 qui doivent être gagnées à tout prix. Il s’agit de la petite armée privée du CNDD-FDD. Cela aussi au moment où le pouvoir semble ne pas avoir totalement confiance en la loyauté de ses corps de sécurité, l’armée en particulier.
Pour comprendre la situation politique actuelle, faisons un retour en arrière dans l’Histoire plus ou moins récente.
L’accord d’Arusha et la gestion du problème « ethnique » :
L’accord d’Arusha, signé le 28 août 2000, peut être résumé en un mot comme un deal « pouvoir pour la majorité et protection pour la minorité ». Cela a été fait principalement par l’introduction de la politique des quotas. Dans les négociations sur la constitution qui s’en sont suivi, les partis tutsi défendaient un partage du pouvoir sur une base « ethnique » c’est à dire que le politique suivrait une ligne de démarcation « ethnique », seule condition selon eux d’un partage du pouvoir véritable. Les partis hutu défendaient quant à eux un partage où « l’ethnie » suivrait une ligne de démarcation politique. Ce fut la deuxième option qui fut retenue.
Quoiqu’on en dise aujourd’hui, Arusha fut un accord à minima arraché presqu’au forceps par Nelson Mandela, le médiateur. Cet accord contenait des « réserves faisant partie intégrante de l’accord » de la part de tous les partis tutsi qui ont failli même ne pas signer. D’ailleurs, aujourd’hui, les annexes contenant ces réserves ne sont pas attachées au document dont le public dispose mais l’auteur de ces lignes n’est pas en mesure d’attester même de l’existence réelle desdites annexes. Aussi, cet accord fut signé à l’époque entre les partis politiques mais sans les mouvements armés. Autre élément, cet accord, en dehors d’une volonté affirmée de réconciliation et de vivre ensemble, ne définit pas véritablement une vision d’avenir de la société burundaise. Au-delà de la lettre de l’accord, les négociateurs mentionnent l’esprit de l’accord qui devrait guider la vie politique burundaise à l’avenir. De quoi s’agit-il en réalité ? Ce n’est pas clair mais il semble qu’il s’agit d’un esprit de dialogue, de concertation et d’inclusion de tout le monde. Tout le reste est laissé à la période de transition de 2 x 18 mois (une première période de 18 mois avec un président provenant des partis tutsi et un vice-président provenant des partis hutu suivie d’une deuxième période où le vice-président assumerait la charge suprême avec comme adjoint une personnalité issue du camp tutsi) afin de tout mettre en place c’est à dire principalement les négociations avec les mouvements armés (et tout le processus Démobilisation-Désarmement-Réintégration), les mécanismes de justice transitionnelle notamment pour qu’à la restauration de la démocratie, des hommes et des femmes sans tache nous gouvernent mais également. Durant cette période, il fallait aussi négocier la constitution, le code électoral et organiser les élections. Bien entendu peu de ces choses ont été mises en place et ne pouvaient l’être par ailleurs. Ce qui fait qu’en définitive toutes les questions les plus sensibles ont été mises de côté.
Cet accord dont les principaux protagonistes étaient le Frodebu et l’Uprona semblait taillé sur mesure dans une sorte de répartition des tâches entre un Frodebu qui reprendrait la place perdue en 1996 (avec le retour du major Buyoya et de l’Uprona au pouvoir après un coup d’Etat contre Sylvestre Ntibantunganya) et un Uprona qui jouerait un rôle de partenariat dans une position moins dominante mais néanmoins importante. En fait une sorte d’officialisation de la situation de l’époque de la convention de gouvernement (1994-1996) avec des garanties démocratiques et sécuritaires pour les uns comme pour les autres et une diminution des acteurs invités autour du gâteau, avec notamment l’élimination des petites formations politiques qui avaient pris une grande place lors des négociations. Seulement voilà, un invité surprise s’introduit dans le jeu et faussa tous les résultats. Le CNDD-FDD, fort de sa prééminence sur tous les autres mouvements rebelles armés en l’absence du FNL dont le leader Agathon Rwasa refusa de déposer les armes et fort de sa légitimité acquise au cours des nombreuses années de lutte contre le pouvoir tutsi, prit le pouvoir. Ce parti avait deux caractéristiques déterminantes pour la suite. D’une part, il n’avait pas participé aux négociations d’Arusha dont l’un des mérites fut tout de même, que tout en s’invectivant et en s’insultant, les acteurs politiques burundais y avaient appris le dialogue, la négociation l’écoute, le compromis (voire la compromission) etc. Toutes vertus importantes dans un régime démocratique. D’autre part, ce parti n’a jamais porté cet accord dans son cœur. Plusieurs de ses présidents et de ses hauts cadres n’ont cessé ces dernières années de déclarer qu’ils ne se sentaient pas liés à cet accord. Enfin, les cadres du CNDD-FDD n’avaient pas, pour beaucoup d’entre eux, d’expérience dans la gestion du pouvoir et de l’Etat contrairement au camp tutsi et au Frodebu.
Stratégie du CNDD-FDD de gestion du pouvoir
Une fois au pouvoir en 2005, le CNDD-FDD se heurte à un problème d’économie politique du pouvoir. Il n’a pas de moyens et les problèmes structurels et conjoncturels de l’économie burundaise ne permettent plus à l’Etat de traiter grassement ses cadres, d’accumuler du capital, comme aux premières années postcoloniales jusqu’à la fin des années 1980, époque de l’Etat-providence. Les jeunes élites hutu qui arrivent ne peuvent plus construire une maison, acheter des terrains voire tout simplement vivre le quotidien avec le salaire d’un fonctionnaire ou d’un cadre du secteur privé. En réalité plus personne ne le peut sans recourir à des moyens peu honnêtes. En effet, à l’époque de l’Etat-providence, les élites (en fait les diplômés des écoles et des universités) sont peu nombreuses même si leur nombre augmente avec le temps et l’Etat peut se permettre d’être dispendieux. Il n’y a pas de pression sur les coûts, la demande étant faible et l’offre abondante (notamment sur les terrains). L’Etat peut donc se permettre des politiques sociales ambitieuses orientées vers sa crème. Il s’agit ni plus ni moins d’un transfert de richesse vers le haut dans une économie qui en produit très peu et n’est pas du tout diversifiée. Ce modèle ne pouvait pas tenir dans le temps et il a été abandonné petit à petit dès les années 1980. En 2005, le CNDD-FDD avec ses cadres jeunes, n’a pas les moyens de les nourrir. Même les salaires des postes publics les plus prestigieux ne permettent plus de se nourrir et de payer son loyer en même temps sans parler de tout le reste. La gestion de cet état de fait ne pouvait qu’être un casse-tête. Le pouvoir va opter pour une solution politiquement sensée mais économiquement et moralement désastreuse consistant à organiser une distribution, un nouveau transfert mais cette fois-ci illégal : laisser chacun, où il est, se servir dans les caisses de l’Etat, privatiser des actifs d’Etat, bâtir des monopoles voire permettre des confiscations. Et organiser des rotations pour que le plus de monde possible s’enrichisse en plus de remplacer tous les vieux cadres Uprona et un peu moins vieux Frodebu par de nouvelles recrues sorties fraîchement de l’université souvent sans expérience et parfois même sans compétence. Tout cela se fait bien entendu au détriment du pays. En fait, il faut comprendre ici qu’il s’agit d’une question politique par essence à savoir le retard de l’élite hutu dans l’accumulation des biens du fait de l’histoire et tout particulièrement de 1972. Le pouvoir aurait-il pu faire autrement s’il l’avait voulu (et pu) ? Question difficile à répondre. Ce qui est sûr c’est que l’alternative c’est-à-dire le redressement économique du pays aurait pris beaucoup d’années et l’accumulation ou en d’autres termes la participation des nouvelles élites hutu aurait été lente, très lente et aurait nécessité le maintien des cadres anciens et des procédures de gestion rigoureuses qui auraient en fin de compte aux yeux de la base du pouvoir discrédité la « révolution ». En outre, même après la reconstruction les politiques de welfare se seraient avérées difficiles à mettre en œuvre en particulier à l’époque du néolibéralisme qui impose moins d’Etat A quoi bon s’être battus pour en fin de compte ne pas bénéficier des dividendes de la « révolution » et rester sous le joug des anciens. Il ne faut pas oublier que le CNDD-FDD était en contexte démocratique où une autre élection aurait eu lieu en 2010 et aurait vu un nouveau concurrent lui déborder à l’extrême avec un programme beaucoup plus radical et populiste.
Le même problème se posait au niveau de la base du nouveau pouvoir, la frange la plus vigoureuse et la plus active, celle des anciens combattants démobilisés. Il fallait les maintenir dans un esprit de corps martial de préférence, prêts pour lutter pour la sauvegarde des acquis de la lutte (le précédent Ndadaye est dans les mémoires càd la remise en question des acquis démocratiques par l’armée tutsi en octobre 1993 par un coup d’Etat sanglant), les employer à raffermir l’emprise du parti sur la population à l’intérieur du pays et les payer autant que faire se peut.
Au niveau de la population, le pouvoir CNDD-FDD a instauré dès le départ des mesures sociales importantes à savoir la gratuité du minerval pour les enfants du primaire ainsi que la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans et de l’accouchement des mères. Ces mesures se sont vite avérées populaires quoique sans préparation et sans une gestion subséquente efficace. Le résultat aujourd’hui est que les hôpitaux sont surendettés et que l’Etat leur doit des sommes faramineuses. L’enseignement connaît des problèmes à tous les niveaux, du primaire à l’université et le gouvernement continue de mettre en place des réformes de l’enseignement toujours plus controversées les unes que les autres. L’on peut également lire un message subliminal derrière ces réformes : « Un pouvoir hutu s’occupe désormais des hutu, étant donné que les tutsi ont tout fait pour stopper le développement des élites hutu et ont toujours eu peur de notre puissance démographique »
Sur la scène politique, toujours dans le but de s’assurer la maîtrise de l’espace politique, le pouvoir met en place des mécanismes de contrôle : suppression des dissensions dont le renvoi inconstitutionnel de 22 députés du parti ayant rallié son ancien président jeté en prison, Hussein Rajabu, évictions petit à petit des dirigeants des 54 communes contrôlées par le Frodebu (aux élections de 2010, il n’en reste que 4), maîtrise de la bureaucratie et de l’administration locale par le recrutement sur base de la carte du parti CNDD-FDD et du contrôle de la loyauté des cadres et des simples agents nommés par le pouvoir, usage de l’appareil coercitif (justice, renseignement, police, jeunesses) à chaque fois que le pouvoir veut régler un problème politique. En effet, l’administration locale empêche le fonctionnement des partis de l’opposition, chasse à l’homme des militants du parti FNL et des autres membres des partis d’opposition ponctuée de massacres et de cadavres retrouvés ça et là dans les rivières et lacs du pays (Ruvubu, Rusizi, Muragarazi…) et autres assassinats, tortures et emprisonnements politiques.
Après 2010 : Difficultés post-électorales et début d’un durcissement politique…
Depuis 2010 (pour ne prendre que ce repère temporel), le Burundi vit un rétrécissement continu de l’espace politique en ce sens que la pluralité et la compétition politiques tendent à disparaître. Suite au retrait des partis de l’opposition au processus électoral de 2010 après les élections communales, un parlement monocolore où le CNDD-FDD se taille la parti du lion accompagné par deux petits partis qui ont servi jusqu’à très récemment de caution du système que de vraie opposition (selon la constitution, un parti présent au parlement a droit à des sièges au gouvernement au prorata du pourcentage qu’il détient, ce qui crée cette incongruité burundaise qui veut qu’un parti se déclare de l’opposition alors qu’il siège au gouvernement et dispose même d’une vice-présidence de la république). Aussi, le parti au pouvoir amplifie sa stratégie de contrôle de l’espace et durcit ses actions envers l’opposition politique. Cette situation aboutit à ce que même les partis de l’ « opposition gouvernementale » dénoncent pour la première fois le pouvoir et votent résolument contre les lois du pouvoir. Situation qui les place dans le collimateur du pouvoir, qui leur applique désormais le sort traditionnellement réservé aux partis de l’opposition extraparlementaire.
En 2013, un semblant de dialogue politique avait semblé naître. En mars, se tient l’atelier entre acteurs politiques organisé par le BNUB (Bureau Intégré des Nations Unies au Burundi), deux mois après suit celui de Kayanza pour étudier les amendements au code électoral et enfin au mois de décembre (sous la menace d’une manifestation de l’opposition dans les rues) les assises de Kigobe (du nom du bâtiment abritant l’assemblée nationale) auquel ont participé la plupart des grands leaders de l’opposition rentrés d’exil. Leurs recommandations n’ont eu aucun effet.
Dans ce climat tendu entre pouvoir et opposition, les relations entre le premier et la société civile se sont plus que jamais tendues. Les militants de la société civile subissent harcèlements judiciaires et menaces et le pouvoir a voté en 2013 plusieurs lois liberticides : loi sur les médias, loi sur les organisations de la société civile et celle sur les manifestations publiques. Derrière l’intolérance du pouvoir pour la société civile se cache une divergence de vues fondamentales dans l’esprit du régime CNDD-FDD en tout cas. Qui détient le droit ou plus de droit entre un gouvernement élu et la société civile de parler au nom de la population ? Le pouvoir, élu lui, digère mal, en effet, qu’une société civile d’activistes autoproclamés et sous financement de l’étranger se mette en droit de le critiquer à longueur de journée de ne pas bien travailler pour la population. Le pouvoir semble ne pas comprendre ou accepter le rôle de la société civile et sa légitimité (constitutionnelle par ailleurs) à représenter des causes. Il est à noter également qu’officieusement la société civile est accusée d’être truffée de tutsi et d’œuvrer au sabotage du pouvoir (hutu).
Un projet de changement de constitution qui a échoué à l’assemblée nationale en mars 2014, à une voix près, a divisé le pays durant les derniers mois de 2013 et les premiers de 2014. Cet amendement de la constitution ou plutôt l’établissement d’une nouvelle constitution a achoppé sur deux points principaux. Le premier c’est la question du 3e mandat pour le président Nkurunziza (2005-), son camp affirmant qu’il s’agissait d’un deuxième étant donné que le premier mandat l’avait vu élu président non au suffrage universel mais par le congrès (en vertu d’une disposition exceptionnelle de la constitution post transition qui voulait que le premier président soit élu de cette manière et que le suffrage universel direct prévaudrait pour toutes les suivantes). Les adversaires de cette interprétation, en gros tout le reste des acteurs politiques et publiques mais également la « communauté internationale », arguaient que la constitution précise qu’un président n’a droit qu’à deux mandats uniquement. La deuxième question, beaucoup plus sérieuse, avait trait à la volonté du parti au pouvoir de supprimer toute référence à Arusha. L’accord d’Arusha étant le fondement de la constitution actuelle du Burundi et étant de ce fait là la garantie du vivre ensemble de toutes les composantes ethnico-politiques. En fait, deux visions des choses s’opposaient là. D’un côté, un pouvoir qui voulait supprimer un « poids » pour lui et tentant de s’appuyer pour cela sur la légitimité démocratique soit par vote du parlement ou par référendum populaire. Il est à noter que dans le chef du pouvoir, seuls les votes démocratiques (représentants du peuple, référendum, élections) doivent décider des orientations du pays. De l’autre côté, le reste des acteurs politiques et publics affirmaient la prééminence d’un Accord négocié pour la seule et unique fois dans l’histoire postcoloniale du Burundi entre tous les acteurs politiques, la société civile, toutes autres représentations de la société ; lequel avait d’ailleurs permis le retour à la paix, à la sécurité et même l’accession au pouvoir de l’ancienne rébellion qui, il faut le préciser, n’a pas gagné la guerre.
Dans le même temps, à un an des prochaines élections de 2015, le gouvernement a décidé de s’attaquer aux dossiers chauds (qu’il avait laissés en suspens depuis 2005) touchant à l’histoire douloureuse du pays. Il s’agit notamment du dossier des spoliations survenues au cours des conflits « ethniques » du passé. Au nom d’une certaine conception de la justice, il attise le ressentiment de la communauté hutu à travers l’amalgame, la généralisation et la désignation de toute la communauté tutsi comme oppresseur et vivant sur le dos des hutu spoliés. Toujours dans cette lancée, le pouvoir CNDD-FDD s’achemine à un an des élections vers la création unilatérale d’une Commission Vérité et Réconciliation (CVR) et ce après 9 ans au cours desquels le gouvernement avait usé de tous les subterfuges pour bloquer la création de cette CVR. Il est à noter que le tribunal spécial pour le Burundi en discussion avec les NU a, pour sa part, été abandonné dans la nouvelle option. On peut voir dans cette stratégie et dans le timing, une volonté de créer un engrenage infernal de peur et de méfiance réciproques, les tutsi se sentant obligés de se « défendre », chose qui pourrait engendrer la peur d’une « résurgence » tutsi chez les hutu. L’objectif étant de ramener le clivage « ethnique » en politique, lequel avait été petit à petit neutralisé depuis 15 ans et paradoxalement sous le même régime CNDD-FDD, et de se présenter comme le seul protecteur de la majorité. Oubliés les problèmes politiques et économiques du pays et le fait que la majorité écrasante des victimes du pouvoir CNDD-FDD ont été depuis sa venue au pouvoir de l’ethnie hutu. En effet, à un an des élections, il est ardu pour le pouvoir en place de tenir sur la base d’un bilan catastrophique. Le pays est dans un gouffre économique sans nom et la situation sociale est désastreuse. Le taux de malnutrition, pour ne citer que celui-là, est de 68% selon la FAO. Tout cela sur fond d’un système de prédation économique qui rappelle presque le Zaïre de Mobutu à la différence que le Burundi a très peu de ressources et que toute ressource pillée est un drame.
En conclusion, quelques tendances de fond se dessinent depuis plusieurs années :
- L’Accord d’Arusha et la démocratie majoritaire en cours représentent deux logiques qui s’opposent de plus en plus sous le régime CNDD-FDD
- Le pouvoir et la légitimité tout comme la légitimité et la légalité s’écartent de plus en plus.
- Le pouvoir CNDD-FDD est divorcé du reste des forces politiques et sociales. Il poursuit une quête solitaire d’emprise sur le pays par tous les moyens, y compris la violence politique. Dans cet état d’esprit, les élections doivent être gagnées à tout prix et à mesure que les nouvelles échéances approchent il faut s’assurer que rien ne soit laissé au hasard dans cette entreprise. A cet effet, il met en place une petite armée privée au service du parti pour contourner les canaux officiels.
- Les partis de l’opposition et même la société civile se radicalisent. Il semble qu’il n’y ait plus de dialogue possible entre le pouvoir et les autres partis politiques, tous désormais sans exception (opposition extraparlementaire et gouvernementale). Les jeunesses des partis de l’opposition répliquent de plus en plus aux provocations des jeunes du parti au pouvoir.
- Le pouvoir se met en porte-à-faux avec la « communauté internationale » et avec les Nations-Unies
- Une prédation économique a cours et l’économie s’effondre. Des personnalités haut placées ne veulent à aucun prix lâcher les privilèges indus accumulés et prennent littéralement en otage le pays et même leur parti.
Dans cette configuration, les imbonerakure sont un rouage clé dans un dispositif destiné à maintenir le parti CNDD-FDD au pouvoir à tout prix. Tous les éléments laissent penser qu’il n’y a aucune accalmie à attendre mais davantage de radicalisation sur la scène politique, laquelle ne peut déboucher que sur plus de violence. De quelle nature et de quelle ampleur elle peut être demeure une inconnue qui ne sera levée que par l’avenir et le jeu de tous les concernés, forcément incertain.
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[…] scholars and analysts have warned of the growing tensions in Burundi, such as in here, here, and here. In fact, there were early signs: In the beginning of Nkurunziza’s presidency, he hinted at his […]
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[…] scholars and analysts have warned of the growing tensions in Burundi, such as in here, here, and here. In fact, there were early signs: In the beginning of Nkurunziza’s presidency, he hinted at his […]
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[…] Dans cette configuration, les imbonerakure sont un rouage clé dans un dispositif destiné à maintenir le parti CNDD-FDD au pouvoir à tout prix. Tous les éléments laissent penser qu’il n’y a aucune accalmie à attendre mais davantage de radicalisation sur la scène politique, laquelle ne peut déboucher que sur plus de violence. De quelle nature et de quelle ampleur elle peut être demeure une inconnue qui ne sera levée que par l’avenir et le jeu de tous les concernés, forcément incertain.Lire la suite […]
J’ai lu et relu cette réflexion et je me suis dit qu’un commentaire s’imposait ne serait-ce que pour saluer la qualité ainsi que la grande clarté de l’analyse, le rappel sans concession des faits et du contexte historique et par-dessus tout la pertinence des questions posées. Je voudrais d’ailleurs revenir rapidement sur ces dernières, notamment les deux premières questions : (1°) y a-t-il oui ou non un problème imbonerakure au Burundi ?. L’auteur de ce papier répond naturellement par l’affirmative et ajoute que « les preuves d’une dérive des jeunes du parti au pouvoir sont nombreuses ».
A tout hasard, je suis tombé sur ce rapport de HRW [Pour voir tout le rapport : http://www.hrw.org/sites/default/files/reports/burundi0510frweb.pdf%5D datant de Mars 2010 que je recommande vivement. Son titre est très révélateur et éclaire ce papier. Il s’agit d’un chant :
« Nous allons vous ligoter et vous abattre.
—chant de la ligue des jeunes du CNDD-FDD (Imbonerakure), colline de
Kabanga, province de Kirundo, 24 janvier 2010. »
Tout un programme !
Un des mérites de ce rapport est qu’il nous montre que la violence des Imbonerakure ne date pas d’hier. Les faits relatés sont intervenus avant les élections de 2010. J’ai jugé bon de simplement citer les passages de ce rapport parce qu’ils me semblent apporter quelques réponses aux questions posées dans l’article. Tenez ceci par exemple :
P.12-13 : «(…) des responsables administratifs du CNDD-FDD ont informé les partis d’opposition à la dernière minute que les activités prévues étaient interdites, et ils ont envoyé ensuite des membres de leur ligue de jeunes, les « Imbonerakure », pour faire respecter cette décision par la violence, la menace de violence ou d’arrestations.»
Le paragraphe qui suit m’a laissé sans voix. Sans voix parce que ne suivant pas au quotidien ce qui se passe dans mon pays, je croyais que le câble du BNUB qui a fuité [http://www.youscribe.com/catalogue/tous/actualite-et-debat-de-societe/document-confidentiel-sur-livraison-d-armes-aux-imbonerakure-au-2429580] était le premier à parler d’une possible distribution d’armes. Il se trouve qu’il n’en est rien !
Je cite : « (…) les armes circulent librement dans tout le pays. Il existe certaines preuves que des responsables du Service National de Renseignement (SNR) ont distribué des armes à des civils associés avec le CNDD-FDD. Il existe également de récentes allégations selon lesquelles certains policiers ont donné une formation militaire à des civils, en particulier dans la province méridionale de Makamba … »
Ces lignes datent de 2010 ! Et de surcroît, elles émanent de HRW, une ONG mondialement connue et dont la réputation n’est plus à démontrer.
Quant à la deuxième question : (2°) A-t-on vu dans le monde des jeunesses se comportant de la sorte si le pouvoir en place ne leur en avait pas donné les moyens et la couverture politique ?
Les passages ci-haut cités donnent déjà des pistes de réponse car ils montrent clairement l’implication des autorités mais mieux, voici un autre extrait :
P.18 : « Le 27 septembre, des membres du CNDD-FDD et des FNL se sont battus à Bugabira ; au moins cinq jeunes ont été blessés, dont des membres des deux partis. Selon les observateurs des droits humains de l’ONU, les Imbonerakure étaient dirigés par un chef de colline local, qui voulait empêcher les FNL de tenir une réunion. La police a arrêté un certain nombre de membres des FNL, mais aucun des membres du CNDD-FDD, ce qui a conduit les FNL à se plaindre d’un traitement discriminatoire. Des combats similaires ont eu lieu dans la commune de Bwambarangwe le même jour.»
Et ne l’oublions pas, cette enquête date de 2010 ! Et aujourd’hui alors ?
Dans le florilège d’exactions qui nous assaillent, j’ai retenu les 2 faits marquants ci-dessous parce que hautement symboliques :
-> un militaire de l’armée nationale passé à tabac par 3 Imbonerakure en province Bubanza, c’était en Janvier 2014 (Source : Isanganiro) ou les images de Télé Renaissance qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrant un militaire dégoulinant de sang, lui aussi victime des Imbonerakure.
-> La séquestration en mai 2014 de deux journalistes : Serge NIBIZI (Burundais, RPA) et Sonia ROLLEY (Française, RFI). La présence d’une européenne parmi les victimes a eu le mérite d’attirer l’attention du monde entier sur la capacité de nuisance et le pouvoir des Imbonerakure. Pour rappel, il a fallu l’intervention du Conseiller Principal du Président de la République, M. Willy Nyamitwe (il parlait et agissait donc au nom du Président) pour obtenir la libération des victimes. Les Gouverneurs de provinces et le commissaire régional de la police ayant essayé en vain car impuissants. Preuve s’il en fallait de la toute puissance et de l’impunité dont jouissent ces Imbonerakure !
Une petite parenthèse s’impose néanmoins : la violence n’appelant que la violence comme on dit, il faut préciser que les jeunesses des autres partis ne sont pas en reste, certes à des degrés beaucoup moindres. Ils ont déjà usé de la violence et surtout cette voie de la violence risque de se généraliser si cette impunité ne trouve pas de réponse appropriée et vite.
Je salue encore une fois la profondeur de l’analyse et avoue avoir été bluffé par les informations sur les Accords d’Arusha. Ce rappel très intéressant sur l’identité des signataires des Accords d’Arusha (notamment que les principaux protagonistes étaient le Frodebu et l’Uprona !) est très éclairant et permet de comprendre la situation que nous visons. J’ai beau être burundais et suivre attentivement ce qui se passe dans mon pays, j’avoue que parfois, j’ai tendance à oublier cet aspect non négligeable. J’ignore d’ailleurs à quel point les inepties régulièrement publiées sur : [http://burundi-agnews.org] sont représentatives des opinions des Leaders du CNDD-FDD parce qu’elles montrent clairement qu’ils n’ont qu’un objectif : enterrer ces Accords d’Arusha qui, rappelons-le, n’ont pas encore été pleinement mis en œuvre!
Pour clore ce commentaire, finalement trop long (il y a trop de choses à dire à ce sujet), dans deux jours, jour pour jour, nous marquerons 2 MOIS pile que l’alerte sur les allégations de distribution d’armes aux Imbonerakure a été donnée (je compte écrire un billet là-dessus) et depuis, force est de constater que rien, absolument rien, n’a été fait pour jeter de la lumière sur ces allégations.
PS :
Bémol néanmoins (et aux autres de s’y coller probablement): à la fin de la lecture de magnifique papier, la question sans réponse qui me taraude est : que faisons-nous maintenant que nous savons tout cela? Where do we go from here ??? Espérons qu’il y aura une suite sur les recommandations pour faire en sorte que ne se produise cette catastrophe annoncée et inéluctable … si rien n’est fait.
Excellente analyse. L’auteur a visiblement suivi de pres les grandes evolutions politiques du Burundi depuis le tournant capital marque par les soi-disant ACCORDS D’ARUSHA. L’auteur a compris d’un coup d’oeil les trucages et les pieges contenus dans ces accords dont la signature fut arraches aux participants tutsis par un Nelson Mandela alergique a toute revendication tutsie (le leader noir sud-africain accusa a tort les tutsis d’etre les auteurs d’un Apartheid anti-hutu pire que celui que les Blancs d’Afrique du Sud avaient installe contre les Noirs de son pays)
En realite les Accords d’Arusha furent un marche de dupes. Ils avaient 3 objectifs caches :
1) Assurer la garde du pont en faveur du regime hutu issu des elections de 1993 dont la legitimite constitutionnelle avait pris fin en Juin 1998 (delai de 5 ans). Sans le jeu-ecran d’Arusha, c’en etait fini de la legalite hutue, et les jeux politiques allaient se rejouer sur fond d’une controverse dominee par les accusations de GENOCIDE portees contre le Frodebu et toute la masse hutue qui avait participe dans les tueries d’Octobre 1993 qui avaient fait 800.000 victimes tutsies.
2) Assurer l’impunite reciproque entre le camp Uprona auteur du Putsh sanglant d’Octobre 1993 et le Frodebu coupable deGenocide contre la population tutsie sur toute l’etendue du pays.
3) Assurer l’impssibilite d’un retour au pouvoir des Tutsis, une promesse faite a la “Communaute Internationale” par le Major Buyoya, lui-meme un Hutu depuis lors totalement demasque.
Arusha avait d’autres objectifs connexes
1) Enclencher une strategie de NOYER litteralement les Tutsis dans un large ensembke en cours de creation, appelee East-African Community (EAC, en sigle)
2) Experimenter in vivo de nouvelles theories de reglement des conflits sanglants en Afrique, notamment ce qu’on a appele depuis lors LA DIPLOMATIE PARALLELE
3) Experimenter une nouvelle confirmation de la theorie de MILGRAM et du SYNDROME D’OSLO appliques a l’echelle de toute une societe, et non plus a l’echelle des etudes de labos
Les Accords d’Arusha avaient des objectifs encore plus subtiles, notamment dans la mise en application des theories satanistes ouvertement assumees par un groupe de leaders issus d’elections dites “democratiques”. Hitler n’avait pas hesite a faire de meme apres avoir ete porte au pouvoir par des elections dites “democratiques.
Reblogged this on Un FOCUS sur le BURUNDI et sur l'East African Community (EAC).
Je suis burundais et je dois dire que rare sont les fois ou l’on tombe sur un article aussi bien fait sur notre pays. Excellente analyse!!!!
article deconnecte de la realite.
Hi Christoph, Greetings from Bukavu. When we met in Gent, you mentioned the name of a journalist who closely followe the Minova trial. I don’t recall the name, do you remember who it was? Thanks, Thea
Verstuurd vanaf mijn iPad
Op 30 mei 2014 om 15:15 heeft “christoph vogel” <comment-reply@wordpress.com> het volgende geschreven:
ethuin posted: “Le Burundi en crise ? Réflexions partantes des rumeurs imbonerakure (édité depuis version originale anonyme – toute opinion appartient à l’auteur) Le 08 avril 2013, la presse burundaise et internationale sémeut à la suite dun câble confidentiel “