Burundi – Des questions ouvertes…

The following article is a guest blog by Luca Catalano

Il est 14h02, le Mercredi 13 mai à Bujumbura. A travers son site web RFI lance le message: “communiqué du général Godefroid Niyombaré diffusé par la radio privée burundaise Isanganiro: Les forces vives de la nation décident de prendre en main la destinée de la nation pour pallier à ce climat d’inconstitutionnalité dans lequel le Burundi est plongé. Les forces vives de la nation refusent avec vigueur et ténacité le troisième mandat du Président Nkurunziza conformément à la constitution et l’accord d’Arusha. Le président Nkurunziza Pierre est destitué de ses fonctions, le gouvernement dissout.”

Jeudi le 14 mai, à moins de 2 jours de l’annonce du général à la tête des forces putschistes, Godefroid Niyombaré, RFI lance le message: “le numéro deux du mouvement putschiste, le général Cyrille Ndayirukiye, a reconnu l’échec du coup d’Etat.” Exactement 37 heures entre les 2 événements. 37 heures d’incertitude, d’appréhension et de peur pour le peuple burundais. 37 heures sur lesquelles les analystes continueront à s’interroger.

Objectif de cette réflection n’est pas de trouver des réponses (qui peut les avoir, compte tenu des info actuellement disponibles et de l’évolution constante de la situation), mais plutôt de soulever des questions.

  1. Modalités du coup: en profitant du départ du Président Nkurunziza qui se trouve à Dar es Salaam pour atteindre un meeting de l’EAC proprement sur la crise au Burundi déclenché suit à la candidature du Président au troisieme mandat, le général Niyombaré, à travers d’une radio privée, radio Isanganiro, déclare le coup d’Etat. L’action menée par le général Niyombare et d’autres hauts officiers de l’armée nationale aurait tenté de renverser l’ordre et prendre le pouvoir. A plusieurs reprises, l’histoire a démontrée que ceux qui tentent de renverser le pouvoir en place, essayaient en premier lieu de prendre et mettre sous stricte surveillance des infrastructures clés pour la réussite du coup (radio nationale, présidence, aéroport, banque centrale, etc.) avant de se présenter devant les microphones (souvent de la même radio nationale occupé) pour mettre la nation devant le fait consommé. En considérant les sources accrédités sur terrain, seulement l’aéroport à été tenu par les forces putschistes pour une durée qui est resté quand même inferieur aux 37 heures. Le reste des institutions, par contre, restera fermement dans les mains de forces loyalistes pour toute la durée du putsch. Au long de la journée du 13 Mai, des informations nous sont parvenues que les forces d’appui en provenance de l’intérieur du pays seraient attendus dans la capitale pour soutenir les forces putschistes contre les forces loyalistes qui voulaient pas se rendre. Pourvu les informations qui sont actuellement à disposition, aucun bataillon de l’intérieur du pays est venu en appui aux forces commandés par le général Niyombaré. Ainsi il est fort probable que même les officiers que le général croyait avoir comme alliés l’ont pas suivi.
  2. Selon RFI et BBC, la journée des affrontements plus durs fut jeudi 14 mai, ou les forces sous ordre du général Niyombaré auraient essayés à deux reprises de prendre le control de la RNTB. Tout les deux fois ils ont été repoussés par les forces loyalistes apparemment appuyés par la Garde Présidentielle (soupçonnés hommes les plus fideles au Président Nkurunziza). Les sources citées parlent de cinq morts pendant la journée d’affrontement et d’une trentaine d’hommes blessés. Semble-t-il donc que l’action militaire menée par les putschistes n’était pas si massive comme on pourrait s’attendre par un une armée qui tente de renverser un gouvernement. En conséquence, il semble évident qui l’échec des forces putschistes à la RNTB a semé un découragement parmi les assaillant et la partie de la population qui s’attendait à la réussite du coup et qui avait manifesté dans les rues pendant la journée du 13 mai.
  3. Il est largement reconnu que c’est précisément au sein de l’armée nationale, intégrée depuis les ex-FDD, ex-FAB et ex-FNL, ou le Président Nkurunziza aurait les plus de difficulté de s’assurer de la loyauté de tous ses cadres. Cépendant, la police est composée par des hommes étroitement associés à la Présidence. A partir des premières heures du coup, des journalistes sur terrain (selon Associated Press au 13 mai) notent que “la police aurait disparu des rues de la capitale burundaise Bujumbura”. Reste difficile à comprendre la raison pour laquelle, dans le moment le plus dangereux pour la sécurité nationale, les forces de polices auraient disparu, laissant le camp seulement aux militaires. Plusieurs témoignages indiquent au même temps que dans les premières heures après le coup, un bataillon de la police aurait attaqué les radio privées avec l’objectif de les détruire et ainsi arrêter la circulation d’information.
  4. Un document officiel du 3 avril 2014 signé par le Représentant du Secrétaire Général des Nations-Unies au Burundi, Parfait Onanga Anyanga, accusait le gouvernement burundais d’avoir acheminé des armes et uniformes aux jeunes du parti CNDD-FDD, les imbonerakure – rapport fortement critiqué par le gouvernement. La presse burundaise et les organisations de la société civile ont démontré à plusieurs reprises que les imbonerakure devenaient protagonistes de graves actions extrajudiciaires. Par contre, dans le cas du ‘coup’, ils sont restés loin des affrontements, hors que le Président auquel ils sont fideles venait d’être renversé par une partie de l’armée nationale.
  5. Le manque des information en provenance de l’intérieur du pays (ou habitent 80% de la population burundaise) complique une compréhension complète des faits. A quelle mesure les habitant de l’intérieur du pays étaient-ils au courant de la situation volatile à Bujumbura, hors que toutes les radios privées ont été attaqués et détruits par les militaires pendant les heures d’affrontements et la RNTB arretait son programme ?

La situation au Burundi mérite être suivi avec encore plus d’attention par les observateurs internationaux. Dans un pays ou les principaux radios privées ont été attaquées et détruites au cours des derniers trois jours, le risque de disparition des réseaux d’information libres mets en danger la démocratie fragile burundaise. Le Président Nkurunzia utilisera probablement l’argument de l’échec du coup d’état pour renforcer sa position au sein du gouvernement et pour soutenir sa propre légitimité au troisième mandat. Tant plus, les représentants des organisations régionales et internationales (EAC, UN, AU) ont clairement indiqué qu’ils continuent à noter une violation des accords de paix d’Arusha, signés en 2005, en ce qui concerne la candidature du Président Nkurunziza pour briguer un troisième mandat. Le risque d’une recrudescence des manifestations et des affrontements – qui ont provoqués jusqu’à cette date plus des 100.000 refugiés vers la Tanzanie, le Rwanda et la RDC selon l’UNHCR – à 9 jours de la date fixé pour les élections administratives, reste élevé.

Luca Catalano is an independent researcher specialising on the Great Lakes region. He has worked in Burundi for several years.

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