« Cette opération va échouer, ce n’est ni la première ni la dernière »

(This is an anonymous guest post)

Six mois passés, la Monusco avait annoncé dans les médias que, pourvue du mandant et de la résolution 2098, lui enjoignant de mettre fin à des groupes armés qu’ils soient nationaux ou étranger, avait fait des annonce d’une éventuelle traque contre les FDLR au cas où ceux-ci ne se rendait pas pacifiquement. Il leur avait été donné l’ultimatum de se rendre jusqu’au 2 Janvier 2015. Fort malheureusement, ils ne l’ont pas fait comme le souhaitait à la fois la SADC, la CIRGL y compris la Monusco. Sur un total de 1400 à 1500 combattants, seulement environ 15% d’eux ont été présentés (à la fois à Burhinyi et à Lusamambo-Buleusa). Le geste de bonne volonté, ce que nous qualifions de la main tendue des FDLR-FOCA, avait été significative d’autant plus que le RUD ainsi que les SOKI, à notre connaissance, n’auraient pas présenté des combattants.

En ce qui concerne les RUD-Urunana et les FDLR-SOKI, basés dans le nord du territoire de Rutshuru, la situation est contraire et laisse planer soit un doute de la confusion. C’est vrai les opérations aurons lieu mais alors quand ? Personne ne connais, c’est comme qui dirait : « la venue des Jésus Christ, on ne connais pas le jours, la date ou l’heure. Il faut toujours se préparer ». Dans un entretien que nous avions eu avec un des dirigeants FDLR-RUD, basé dans les groupement Binza nous a conduit à nous poser plusieurs questions auxquelles nous n’avions pas trouvé des réponses : les FDLR sont ils capables à se ranger en ordre de bataille contre une coalition FARD/FIB (NDLR: cette coalition n’a pas vu le jour encore) ? Pourraient ils alterner leurs stratégies en évitant les affrontements s’éloigner de leurs zones traditionnelle ?

FDLR vs. FARDC ?

Des affrontements entre les FARDC et les FDLR d’une part et de l’autre part des FARDC avec les RUD est possible mais avec une probabilité d’absence d’affrontements. Pour la simple raison que les RUD auraient une autre option, évidemment, les leaders des groupes armés ne sont pas clairs dans leurs propos et la lecture de la carte de la guerre leur échappe parfois. Le commandant RUD affirme : « Nous n’allons pas nous affronter aux FARDC, nous allons nous éloigner s’ils viennent nous affronter, nous évitons de tuer la population. Nous avions pris l’engagements, la décision de les éviter car tu sais les affrontement au sein des Raiya c’est pas bien, nous avions été formé sur la protection des populations ». Ainsi pour dire que soit la stratégie des RUD est d’éviter [1] tout affrontement soit parce qu’ils sont moins nombreux [2] ou c’est un choix stratégique ou tactique. A la question de savoir le nombre total des combattants RUD estimés à 80 combattants selon les informations FARDC, il a affirmé : « Le nombre de 80 personnes est irréaliste. Laissez les déployer leurs forces, cette opérations va échouer, ce n’est pas la première opération ou la dernière opération »

Pourquoi croire en Dieu pour leur protection ?

Selon toujours la même source, les RUD s’attendent à des opérations mais particulièrement, il pense que la force Divine lui viendrait au secours et pourrait punir ceux-là qui viennent les traquer : « S’agissant des impacts sur les populations , il n’y aura pas. On avait tué nos parents, ils viennent encore exterminer les enfants après avoir tué leurs parents. Dieu nous a gardé et il va continuer à nous garder ; nous avons des femmes, des enfants et ils ont pris l’option des nous frapper. Ils pensent que nous sommes des bêtes sauvages à chasser, ils comparaitrons avec Dieu ». Mutu Muzima, dans son langage semble se positionner du coté des croyants et c’est une sorte de désespoir accompagné d’une colère. Le commandant RUD croit en Dieu pour la protection des ses sujets ; ce qui est pratiquement impensable.

L’option Kisangani

L’option des Kisangani reste controversée et prête à des confusions, à des divergences des points de vues entre les RUD et les FOCA. A la question de savoir pourquoi tout ce temps, ils ont eu le temps de libérer les dépendants pour qu’ils se rendent à Kisangani, il affirmé ce qui suit : « le plan de Kisangani c’est pour les FDLR-FOCA pas nous les RUD. Nous ne sommes pas des FDLR nous sommes des RUD. Les FOCA c’est l’armée des FDLR nous sommes des militaires, cela ne nous concerne pas ». Ceci veut tout simplement expliquer que les RUD ne partagent pas les mêmes points de vue avec les FOCA sur les approches à prendre. Ils ne sont pas d’accord d’aller se cantonner à Kisangani ; la raison pour laquelle ils n’ont jamais présenté des combattants pour un désarmement volontaire comme le font le plus souvent les FDLR-FOCA.

Entre le courage et le désarroi, on se console

Les opérations militaires contre les FDLR dans le Nord Kivu et plus particulièrement dans le nord du territoire de Rutshuru, pourraient avoir des effets énormes. Selon un commandant RUD, « ils (FARDC, FIB et Rwandais) doivent savoir qu’ils nous ont tué en 1996 nous nous sommes tu, lors des opérations Kimia I et II ils ont tué, on s’est tu, pendant les opérations Amani Leo on nous a tué et on a jamais été réduit, on ne le sera jamais ». Dans ses propos, on peut se rendre compte que le commandant est dans le désarroi car il sait que les opérations auront lieu.

Les RUD ont foi, et croient encore à un dialogue inter-rwandais comme voie de sortie de la question FDLR. A la question de savoir s’ils veulent pousser le dialogue, il répond : «Nous ne voulons pas des affrontements, nous voulons le dialogue inter-rwandais. D’ailleurs on a dit que nous étions des criminels, alors qu’une délégation était arrivée à Kasiki dans le but de vérifier si parmi nos combattants il y avait des criminels, des génocidaires. Je suis l’un des onze personnes qui étaient parties à Kigali pour voir ce qui s’y passait. ».

Que retenir de ces propos ?

La leçon que l’on peut retenir ou tirer de ces propos est que les opérations auront lieu contre les FDLR y compris les RUD. Ces opérations pourront avoir des conséquences humanitaires dans les zones jadis sous occupation RUD dans le groupement de Binza. Les RUD ne sont pas disposés à avoir des affrontements avec les FARDC quand bien même tous les dispositifs sont pris et mise en place déjà selon ses propos. Je suis particulièrement sceptique par rapport à ses propos parce que devant l’affrontement ils peuvent se retourner contre les populations civiles en termes des représailles pour des revendications ultérieures ou un arrêt des combats contre eux. Les FDLR le font chaque fois que les opérations se font contre eux. Une autre leçon est le risque d’un fiasco que les FARDC peuvent connaître dans le cas où les RUD fuient ou les évitent. Un cas récent est celui de la cité de Nyabanira et d’autres localités dans lesquelles les RUD avaient régné en maitre pendant longtemps. Malheureusement quand on y aurait déployé des FARDC, ceux ci n’ont trouvé personne comme RUD car ils avaient déjà changé de position.

C’est pourquoi la Monusco [3] et les FARDC doivent bien ajuster leurs renseignements afin de déjouer cette stratégie « nomadiste » propre aux FDLR ou aux RUD au cas où elle serait adoptée. Car vaut mieux les affronter qu’affronter des fantômes sous peine de retrouver dans le ridicule et la honte, et c’est cela qu’apparaît l’échec desdites opérations ainsi les opérations militaires ne pourront plus les contraindre à la reddition : Il faut des solutions et stratégies appropriées face à cette question.

L’auteur préfère rester anonyme.

_________________________

[1] La stratégie d’éviter ou de fuir les FARDC avait déjà payé pour d’autres cas. Dans le territoire de Walikale, un officier supérieur des FARDC nous a fait savoir qu’ils ont reçus des alertes sur la présence des FDLR. Après avoir planifié des opérations, ils sont descendu sur le lieu mais n’ont trouvé personne.

[2] Dans un entretien avec un officier supérieur du 493 sous-secteur basé à Rutshuru, selon les informations en leur possession, les RUD seraient estimés à 80 combattants.

[3] La Monusco a un contentieux avec le gouvernement Congolais au sujet de deux généraux qui ont le commandement des opérations SUKOLA 2 qui concernent la traque des FDLR. La Monusco ne s’est pas associée à la traque mais avait participé dans les travaux de la mise en plan place du plan des opérations.

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