Amani Itakuya #1: La construction de la Paix dans l’Est de la RDC – les opportunités et les obstacles

La construction de la Paix dans l’Est de la RDC – les opportunités et les obstacles
Josaphat Musamba
La République Démocratique du Congo, si l’on s’en tenait à son histoire politique connait toujours des problèmes en commençant par des crises qui l’ont secouées et qui l’on cisaillées voire même coupée en plusieurs parties. A travers les efforts des ses citoyens elle parvient encore à se réunifier mais la déstabilisation continue toujours après un certains temps le plus souvent dans la partie Est du pays. Il faut aussi à ce sujet dire que depuis l’avènement de l’AFDL en passant par le RCD au CNDP pour cheminer vers le M23 tout en scrutant vers la question des nébuleuses Mayi-Mayi (groupes armés locaux) et ceux étrangers on peut se rendre compte que la RDC connait un sérieux problème. La question centrale à laquelle nous allons tenter de répondre est la suivante : Quelles sont les stratégies qu’il faudrait adopter pour arriver à construire – dans cette ambiance – la paix dans l’Est de la RDC en partant du pays entier et les obstacles ?
En effet la paix pourrait être possible surtout dans l’Est du pays étant donné que cette partie de la RDC est en proie à des déstabilisations et se pose aussi la question de l’efficacité de l’état congolais car celui-ci est un état broyé, en faillite. Mais on devrait se rendre compte que c’est dans l’Est qu’il y a trop de rébellions (M23, ADF-NALU, FDLR, Raiya Mutomboki, etc.) et que les contenir et les gérer pose effectivement des problèmes. Si nous rentrons dans l’histoire on doit citer la conférence de Goma à l’époque qui avait tenté résoudre cette question mais avait connu des échecs, ensuite les différentes initiatives régionales dans le cadre de la CIRGL ou de la CEPGL dont certains ont été prometteuses et d’autres non, mais c’était en tout cas des stratégies pouvant ramener la paix dans la RDC.
Aussi faut-il le dire pour stabiliser l’Est de la RDC le Conseil de Sécurité de l’ONU, l’Union Africaine et la SADC comme la CIRGL ont suggéré la création d’une Brigade d’intervention de l’ONU dont l’ambition est de traquer tous les groupes armés dans l’Est de la RDC mais la réalité est contraire étant donné leurs multitudes et la géographie des Kivus.
Je pense que la paix et la stabilité de l’Est constituent des gages pour le développement de la RDC et que les stratégies doivent être combinées actuellement. En faite, la première stratégie est la constitution des unités spéciales des commandos au sein des FARDC [1], d’ailleurs ce qui est fait actuellement avec la Brigade de l’ONU devait se faire avec la RDC car aussi dans les anciennes démocraties ce sont les armées qui assurent la stabilité et la défense du territoire national.
Ensuite, puisqu’il y a des implications des états de la région dans la déstabilisation de la RDC, on peut envisager des perspectives régionales aussi, non seulement solliciter les bons offices de l’ONU ou de autres organisations internationales, mais il faut aussi que des acteurs comme les Etats Unis, l’Angleterre et l’Allemagne puissent faire pression [2] sur ces états. Une autre stratégie est celle qui consiste à guérir la question des groupes armés dans le pays. Cette question est complexe, et que si l’on y prend pas garde, elle risque de se pérenniser car tous ne présentent pas les mêmes revendications voilà pourquoi l’opportunité d’un autre programme DDR est une des alternatives mais aussi un autre forum des groupes armés, un dialogue avec eux dans le but de les entendre pourrait être une des voies de construction de la paix dans la RDC.
Néanmoins, comme on peut le constater, ces initiatives ou ces stratégies peuvent souffrir de l’exécution à partir du moment où la volonté politique de les exécuter se manifeste pas, à partir du moment où on ne veut pas écouter les groupes armés ne fut-ce que leurs revendications, mais aussi la gestion de la question de légitimité sur le plan politique. On ne semble pas y accorder beaucoup d’attention mais je crois que les concertations nationales qui ont été organisées par le président Kabila risquent de renforcer la cassure entre les congolais que de présager cette cohésion nationale étant donné que les leaders politiques de grosse pointure (Vital Kamerhe et Etienne Tshisekedi) de l’opposition n’y ont pas participé alors que cela pose un sérieux problème.
En conclusion nous pensons que la paix peut être une réalité dans la RDC et plus particulièrement dans l’Est de la RDC mais plusieurs questions devraient être traitées au préalable. Construire la paix dans l’Est bien comme dans toute la RDC devrait être une politique gouvernementale prioritaire si l’on constate la résurgence des conflits intercommunautaires (Bembe vs. Banyamulenge, Hunde vs Nyanga, etc.). Aussi dans la question des FDLR, les ADF-NALU, les LRA et les groupuscules des gens qui habitent alors le nord de la province orientale (les Mbororo et alliés) les perspectives ne semblent pas prometteuses. La question liée à la gestion rationnelle des conflits fonciers dans certains territoires entre les communautés devrait être bien traitée car la paix dans la RDC n’est pas une question de demain, plutôt après-demain. Ainsi il faudra travailler sur les possibilités que nous avons dégagées.
Josaphat Musamba est Assistant à l’Université Simon Kimbangu et chercheur au Centre de Recherche et d’études stratégiques en Afrique (CRESA) à Bukavu.
[1] Voir Josaphat Musamba : « Le modèle d’armée dans le Grands Lacs : alternatives pour la stabilisation et le développement de la RDC » (guest post) sur http://christophvogel.net/2013/04/30/guest-post-une-armee-de-la-region-des-grands-lacs/.
[2] La pression devrait être du genre gèle des fonds affectés au développement, cessation des activités de coopérations mais aussi dialogues entre les Rwandais comme entre le pouvoir de Museveni et ses rebellions.
Reblogged this on Think. Write. Act. and commented:
An essay series I had the great pleasure of contributing toward, touching on some hard hitting issues around peace in the DRC. I’m looking forward to reading the next few essays to come, as the bloggers and authors reflect on the long-sought after peace for the Congolese people.
I agree with a lot of your points, Josaphat. Can you expand on “cessation of cooperation” mentioned in footnote [2]?