AIII #4: FARDC vs FDLR : une ‘bataille’ sans ‘combat’ ?

FARDC vs FDLR : une ‘bataille’ sans ‘combat’ ?

Charly Kasereka

L’ultimatum lancé aux rebelles hutus rwandais FDLR, demandant leur reddition, a expiré vendredi 2 Janvier 2015. Seulement 350 combattants sur les 3 000 estimés se sont rendus. Kigali et communauté internationale refusent catégoriquement de faciliter un dialogue inter-rwandais. Pourquoi ? Qui va régler la situation humanitaire pendant et après ces attaques ? Pourquoi la communauté internationale s’acharne-t-elle à attaquer coûte que coûte les FDLR ? Des questions reviennent et reviennent encore.

Seule, l’armée congolaise (FARDC) a lancé le 27 février l’offensive contre ces rebelles hutus rwandais, sans l’appui de la mission onusienne, après que cette dernière ait demandé que deux officiers qui dirigent ces opérations soient écartés, chose que le gouvernement Congolais a catégoriquement refusée. Les opérations militaires au Nord-Kivu ont débuté dans le territoire de Rutshuru une semaine après le lancement de cette même offensive dans la province voisine du Sud-Kivu.

À la suite de frictions avec la mission de l’ONU au Congo (Monusco), pouvons-nous attendre des résultats satisfaisants dans cette longue bataille qui commence comme nous l’avons vu avec la rébellion du M23 ? La Monusco entretient une brigade spéciale de 3 000 hommes autorisée à faire usage de la force de façon offensive afin de neutraliser tous les groupes armés qui sévissent encore dans l’est de la RDC, Kinshasa a décidé de lancer cette offensive sans le soutien des casques bleus.

Qui sont les FDLR ?

Les FDLR vivent depuis plus de 20 ans au Kivu se sont divisé en trois factions. FDLR SOKI, FDLR RUD et FDLR-FOCA, seule cette dernière aile a accepté de passer cette demande sans avoir gain de cause auprès de la Communauté Internationale et la SADC selon sa demande.

Les acteurs dans ce cinéma, sont bien connus, en premier nous avons : Les rebelles hutu rwandais, la Communauté Internationale (MONUSCO, SADC, CIRGL et les invisibles) le gouvernement congolais est là comme un spectateur. Pour débuter bien ce paragraphe j’aimerai vous retourner un peu dans l’histoire récente de l’arrivée des « Interahamwe » dans la province du Nord-Kivu en RDC.

Les « Interahamwe », actuels FDLR, comme tous les autres réfugiés sont passés sur la ‘petite’, et la ‘grande’ barrière, mais aussi sur les autres routes et sentiers, pour rentrer au Nord-Kivu en fouillant la guerre (génocide) au Rwanda en 1994. Dans le lot des arrivants, nous avions les civiles, policiers, militaires et politiciens Rwandais. Chose grave et étonnante, les hommes en arme étaient bien munies de leurs armes et minutions voir même des camions militaires remplis des minutions et hommes. Ils ont traversé sans être désarmés sous la conduite de casques bleus jusque dans les Camps installés à Mugunga, avant leur dispersion jusque dans les forets du Kivu.

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) est un groupe armé formé dans les années 2000 en République démocratique du Congo pour défendre les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en RDC. Certains de ses chefs sont accusés d’avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, qui fit 800.000 morts selon l’ONU. Deux décennies viennent de passer, les congolais ne savent toujours pas pourquoi la communauté internationale avait laissé les « Interahamwe » passer jusqu’à l’intérieur de la province avec leurs armes ?

Les FDLR sont accusés d’avoir commis depuis des années en toute impunité des graves exactions contre les civils congolais. (viols, meurtres, pillages, enrôlements d’enfants-soldats) et se sont livrés à de nombreux trafics, notamment d’or, cassitérite et de charbon de bois dans le grand Parc de Virunga.

Les effectifs des FDLR comprendraient aujourd’hui entre 1.500 et 2.000 personnes, soit quatre ou cinq fois moins qu’il y a six ans. Hormis un groupe de 200 à 300 chefs et/ou combattants historiques accusés d’avoir pris part au génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda voisin, la plupart des FDLR sont aujourd’hui des jeunes, nés après les massacres et n’ayant jamais mis les pieds au Rwanda, et que j’estime n’avoir pas participé au génocide contre de 1994, malgré ce qu’ils ont commis en RDC.

Aujourd’hui, les FDLR sont très implantés dans la population civile, ils se sont marié, cultivent et participent à la ‘gestion’ ou ‘l’administration’ dans certains village au Nord et au Sud-Kivu. Lors de l’occupation de certaines zones par des rébellions congolaises soutenues par le régime de Kigali, l’on a accusé l’armée congolaise d’une collaboration avec les FDLR. Est-ce que cela expliquerait l’absence d’une vraie offensive dans la traque aujourd’hui de cette rébellion dans les forêts de l’Est de la RDC ?

Comment les Œufs seront préparés sans casser les coquilles ?

A ces jours, nous pouvons tout simplement dire que « c’est une guerre sans combattants ». Plus de deux mois après le lancement , le dernier bilan de mi-avril , le commandant de la 3ième Zone de défense militaire, général Léon Mushale Tshipamba a révélé qu’environ 182 rebelles FDLR ont été neutralisés, 72 armes, des roquettes et obus de mortier ont été récupérés au cours de ces opérations au Nord et Sud-Kivu avec des zones récupérées de l’autorité de ce groupe rebelle, mais sans véritables combats, les rebelles ayant adopté une stratégie consistant essentiellement à fuir devant l’avancée des troupe gouvernementales. Le général Mushale a affirmé que treize rebelles avaient été tués depuis le début des opérations et a refusé de donner le nombre des pertes enregistrées au sein de l’armée.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé fin mars pour un an le mandat de la Monusco. Jugeant qu’il y avait une certaine faiblesse dans les opérations contre les FDLR, le chef de cette mission onusienne, Martin Kobler, a déclaré le 1er avril qu’il souhaitait parvenir à un accord avec les autorités congolaises pour permettre à la Monusco de reprendre le plus vite possible sa coopération avec l’armée congolaise dans cette opération dénommée SOKOLA 2. Entre temps, dans les villages de Kateku et Buleusa au Nord de Walikale et Sud de Lubero, les populations civiles cohabitent avec les hutus réfugiés et Militaires FDLR. Déjà par crainte certains villages ses vident de leurs habitants et dans d’autres les combattants FDLR leur refuse la sortie pour un bouclier humain.

« Durant les opérations militaires nous ferons tout pour respecter les droits international Humanitaire en protégeant les civiles » dixit Martin Kobler, lors d’une conférence de presse le 7 janvier à Goma, ajoutant que seul les militaires FDLR seront attaqués et non les réfugiés Rwandais ni les civils congolais, alors que tous vivent dans les mêmes villages. Le 31 Mai 2014 une faction FDLR a accepté de déposer les armes en demandant à la communauté internationale et la SADC de leur faciliter un dialogue avec le régime de Kigali. Jusqu’à ce jour seul 350 combattants sur le 1500 le nombre estimé par l’ONU, ont déjà rendu leurs armes.

Cette même communauté internationale demande à la RDC de cantonner tous les FDLR qui accepteront de se rendre, pour qu’ils soient redirigés dans les pays qui accepteront de les accueillir. Les FDLR, eux demandent toujours et en vain de pouvoir participer à la vie politique au Rwandaise en créant un parti. Le régime de Kigali refuse toujours cette option, en disant qu’ils sont des criminels, ils doivent être jugés.

Alors, mes questions sur l’avenir des FDLR restent sans réponse. Quel pays au monde acceptera-t-il de les accueillir ? Pourquoi Paul Kagame refuse-t-il de les accueillir ? Pourquoi la Communauté Internationale refuse-t-elle catégoriquement de faciliter cette rencontre Kigali-FDLR ? Pourquoi Kinshasa accepte sans analyser les conséquences dans l’avenir en cantonnant plus de 500 Combattants ? Pourquoi Kinshasa a-t-il accepté la condition de Kigali, d’éloigner les FDLR loin de la frontière RDC-Rwanda ? Les FDLR auront-ils en fin une nationalité congolaise pour clore ce dossier FDLR.

Charly Kasereka et un un jeune journaliste-bloggeur basé à Goma. Il focalise sur les questions socio-économiques dans sa région du Nord-Kivu depuis 2010 dans une radio locale à Goma. Il termine ses études en science de l’information et Communication à Goma en 2014. 3eme d’une famille de 11, Charly a vécu le journalisme dès son jeune âge. Au présent il travaille pour Voix de l’Amerique et Anadolu.

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