AIII #16: Du recours à la constitution d’une milice tribale, un moyen illicit de la protection des communautés en conflits

Du recours à la constitution d’une milice tribale, un moyen illicit de la protection des communautés en conflits
Juvénal Twaibu
En général, la question de la paix et la sécurité à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) demeure une épineuse préoccupation de tout acteur épris de bonne volonté et impliqué dans la recherche d’une solution-réponse quant à la stabilisation et le développement. Notre contribution rentre dans le cadre de faire une autopsie-critique de la situation sécuritaire à Uvira et à Fizi où la paix tant recherchée n’est jamais retrouvé. C’est dans cette optique que nous voulons remettre en même temps la pendule à l’heure sur le blocage et les différents facteurs qui mettent la machine [1] de l’évolution positive de la dynamique de la paix dans l’inertie d’autant plus que, de toutes les démarches amorcées par divers acteurs nationaux, régionaux et internationaux, impliqués rien n’augure jusque là, une assurance de l’accession de la population d’Uvira, de Fizi et d’Itombwe à une paix souhaitées.
Cette petite ébauche est la résultante de toutes nos recherches effectuées sur les conflits de pouvoir dans la chefferie de la plaine mettant aux prises les Bafuliru et les Barundi auxquels sont assimilées les banyamulenge de la zone; la dynamique conflictuelle dans le Fizi et Itombwe entre Babembe et Banyamulenge ; le conflit de pouvoir en groupement de Bijombe dans la chefferie des Bavira, opposant ainsi les Bavira aux Banyamulenge aux Banyindu et en fin ; les Babembe contre les Babuyu en territoire de Fizi (Sud-Kivu) et Kabambare (Maniema).
Difficulté de transformation des conflits
Face à cette situation, la difficulté d’une bonne résolution de ces conflits découle de la non maitrise des enjeux : des parties au conflit, des cause profondes, des natures même des conflits et d’autres aspects dont : les éléments déclencheurs qu’il faut résoudre, les connecteurs qu’il faut capitaliser et exploiter et les diviseurs qu’il faut bannir ou carrément abolir ainsi que les acteurs invisibles à aborder en face pour leur dire la vérité du rôle qu’ils jouent.
Le pouvoir en place et la communauté internationale [2] s’efforçant dans la démarche tendant à aboutir au résultat « la paix » et « la cohabitation » entre les communautés, ne se limite qu’aux tentatives des réponses tout en ne terminant pas définitivement, les crises auxquelles il est appelé à résoudre à travers ses prérogatives régaliennes.
C’est cette difficulté et cette inefficacité de trouver rapidement des réponses aux diverses crises que, certains membres des différentes communautés en conflit optent ou envisagent le recours à des voies violentes dont la création des milices tribales non seulement pour assaillir les autres, mais aussi pour se constituer un outil protecteur au travers lequel une idéologie extrémiste est véhiculée.
C’est dans cette optique qu’on voit naitre différentes nébuleuses dont le soubassement émane toujours d’une instrumentalisation ethnique du problème, le cas de la chefferie de la plaine en est une illustration éloquente. Fort est de constater qu’en dépit de toutes ces démarches, aucune solution n’est jusque là trouvée si pas, la recrudescence des conflits dans la sous-région d’Uvira et de Fizi ainsi qu’en Itombwe. On assiste, à cet effet, à un cycle interminable des conflits dont certaines parties prenantes s’y improvisent, ne sachant même pas bien les tenants et les aboutissants.
De l’autre côté, la dynamique politique joue un rôle très prépondérant dans l’accélération des tensions ou des conflits. D’où l’implication du politique qui, dans une certaine mesure, s’inscrit dans la logique d’une récupération politicienne en manipulant surtout, la jeunesse à laquelle, la haine, la jalouse, la xénophobie, restent ici les principaux slogans pour diviser davantage les communautés qui, naturellement, sont condamnées à vivre éternellement ensemble. Toutes ces attitudes ne cessent, cependant à engendrer des conséquences très néfastes dont les femmes et les enfants ainsi que les personnes de 3ème âge en paient le prix.
Juvénal Twaibu est Directeur du Centre de Recherches et Etudes Stratégiques du Sud-Kivu (CIRESKI).
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[1] Le facteur bloquant le processus découlent toujours de l’idéologie divisionniste des certains membres des communautés en conflit au sud du Sud-Kivu. Ceux véhiculent le message de haine et de division dont les principaux s’inscrivent dans le cadre de la soit-disante protection dénoter terre contre les envahisseurs étrangers qui sont ici considérés par ceux qui s’appellent autochtones, les immigrés depuis le XVIIième Siècle.
[2] La RDC et son partenaire la MONUSCO ont depuis plus d’une décennie développé des actions conjointes pour amener une paix à l’Est de vaste pays mais en vain. Plus d’actions initiées par la Monusco, les ONGs internationales, les chercheurs concurrent toujours dans le même angle de trouver une paix durable dans la partie orientale de la RDC Mais aussi dans la sous-région d’uvira et de Fizi en particulier.